Programmation des activités
La programmation des activités se déploie sur trois années de manière à mobiliser trois modes de reconnexion avec le végétal:
1. Se reconnecter aux milieux humides
Généralement négligés, dévalorisés, asséchés ou remblayés, les milieux humides ont perdu 54% de leur superficie à travers le monde dans les 100 dernières années (IPBES 2018). Ils sont pourtant reconnus pour fournir de multiples services écosystémiques à la société, notamment en séquestrant le carbone de l’atmosphère, en préservant la qualité de l’eau, en maintenant les rivages, en régulant le niveau des eaux souterraines, des inondations et de l’humidité du sol et finalement en offrant un habitat aux multiples espèces des ces écosystèmes (Thorslund et al 2017). Ils permettent donc de relever de nombreux défis environnementaux, sociaux et économiques (Langergraber et al 2020). Ce que nous voulons faire, c’est sensibiliser les riverain.e.s et les citadin.e.s à la précarité des rivières, qu’elles soient urbaines ou situées dans des milieux naturels, de manière à transformer le regard que l’on porte sur la végétation présente sur les bords ou au fond des rivières, marais, marécages, lacs et tourbières. En effet, même si les scientifiques ont fait la démonstration de l’importance cruciale de ces milieux, les préjugés subsistent à leur égard (Gobster et al., 2007). Nous voulons tirer parti du fait que l’alliance de l’eau et du végétal constitue en soi un puissant ressort de l’imaginaire.
2. Tisser des liens à partir du matériau végétal
Ce thème met en relation deux utilisations de la fibre végétale qui s’inscrivent dans des trajectoires historiques, culturelles, sociales et environnementales singulières: la vannerie traditionnelle et le papier. Comment ces deux utilisations peuvent-elles entrer en dialogue? Le travail de la vannerie consiste à tisser ou à tresser des fibres végétales, soit du bois de frêne noir et du foin d’odeur (espèces dites culturellement essentielles: Costanza et al. 2017; Garibaldi and Turner 2004). Cette pratique et sa transmission sont compromises en raison des changements globaux (Costanza et al. 2017). En effet, les matières végétales requises pour cette pratique sont actuellement menacées par un insecte (agrile du frêne) et par la destruction des milieux humides (milieu écologique du frêne noir et du foin d’odeur). Le but de cette activité est de participer au renforcement des liens entre les générations, entre les centres de recherche et les communautés autochtones et de mettre en relation des vannier.ères et des artistes pour qui la matière végétale est tout aussi primordiale. Participer à la transmission culturelle de la vannerie suppose en effet de reconnaître et de valoriser l’art de vivre qui l’accompagne dans les traditions autochtones, où le rapport à l’environnement est envisagé en termes de réciprocité, de protection et de bienveillance, ce qui implique qu’une responsabilité est échue à chacun.e d’entre nous (Kimmerer 2013).
Activités du partenariat ReVe autour du végétal comme matériau
3. Jardins et communautés
L’organisation de rencontres et d’expérimentations gustatives vise à changer les perceptions associées au végétal comestible et, conséquemment, à agir directement sur les relations entre les êtres humains et non humains. Les échanges autour d’un aliment végétal permettent de révéler les histoires entourant son mode de culture, l’accès à la terre et au territoire, les rapports de pouvoir, ainsi que les dynamiques culturelles et politiques qui s’activent autour de sa production et de sa distribution (Tsing 2015; Taussig 2018; LaDuke 2005). Plus encore, les histoires, recettes et récits s’entremêlent, rendant dynamiques les savoirs liés aux aliments et connectant les personnes au-delà des différences (Twitty 2021). Les rencontres autour du végétal comestible deviennent autant de manières de partager les expériences, qui ne font pas l’économie des relations coloniales qui marquent les systèmes alimentaires (Kuokkanen 2011) et des diverses questions de justice alimentaire (Reese 2019; Penniman 2018). Il s’agit ainsi de créer des lieux de rencontre, de discussion et de disposition à l’écoute parmi les participant.e.s, d’établir des relations de soin, d’attention les un.e.s aux autres à travers les récits et le partage d’expériences relatives à l’alimentation, ici végétale. Pratiques, savoirs-faire, parcours mais aussi relations se tissent et se donnent à voir dans ces échanges autour de la matérialité du végétal comestible. Fruit, légume, graine, tubercule, racine comestible se posent ainsi comme médiateurs, élargissant les modes de connexion au végétal (Hanson 2015, Pollan 2002) mais aussi aux autres êtres et au territoire, sur un mode convivial (Abu Zaineh 2019).
Activités du partenariat ReVe autour du végétal comme lien avec les communautés